De la lenteur avant toute chose.
Émilie Bouvard, conservatrice au musée Picasso (Paris).
Extrait d’un texte accompagnant l’exposition « La lenteur avant toute chose ».
Les vidéos que nous présentons ce soir viennent comme un point d’orgue à l’exposition De la lenteur avant toute chose… Elles viennent ouvrir le temps d’un processus créatif inscrit dans la durée, tel que nous avons voulu le présenter dans les œuvres exposées depuis septembre.
Le documentaire de Bruno Decharme sur l’artiste Zdenek Kosek nous fait passer du temps qui passe au temps qu’il fait – c’est en essayant de maîtriser le temps météorologique, cosmique, par le travail plastique, que Zdenek Kosek tente d’ordonner sa vie et le monde à la temporalité effervescente et incontrôlable.
Certaines des vidéos d’artiste représentent un processus créatif volontairement lent – c’est le cas d’Isabelle Frémin, dont le travail s’inscrit dans la recherche d’un décalage entre l’objet réalisé et le temps de sa réalisation.
Dans ce cadre, la Minute 23 répond à la Tente trois mois en bois
(2006), écho humoristique à une célèbre « Tente deux secondes ! ». Nicolas Aiello répond à la confrérie des « Gommeurs » rassemblée dans l’exposition en remontant le temps : avec Revealed de Kooning, il inverse le plus célèbre des gommages de l’histoire de l’art, effaçant le geste artistique de Rauschenberg, et révélant le dessin, petit à petit. Estefanía Peñafiel Loaiza vient le rejoindre dans cette entreprise en reprenant par l’empreinte Ecuador de Henri Michaux ;
ici, c’est un texte qui est remis en jeu par l’action artistique. Si chez Nicolas Aiello, le dessin réapparaît tout seul, par la magie du montage vidéo, Estefanía Peñafiel Loaiza et Isabelle Frémin font apparaître la main de l’artiste. Finalement, c’est un bien un geste, une performance, inscrits dans la durée par la succession d’un ensemble d’actes que montrent ces trois vidéos.
Emilie Bouvard, pour Portraits.