Philippe Piguet, 2015

Extrait d’un texte de Philippe Piguet accompagnant l’exposition Le temps de l’absolu à la Galerie C de Neuchâtel.

« 5 607 249… c’est le dernier nombre qu’a peint Roman Opalka sur le tableau qu’il a laissé inachevé suite à sa brutale disparition, le 6 août 2011.

Il y a cinquante ans l’artiste avait décidé de mettre en œuvre un projet artistique consistant à peindre l’ensemble des nombres entiers naturels suivant un protocole de travail extrêmement précis. C’était au printemps 1965. Quarante-six ans durant, Roman Opalka n’a jamais dérobé à la règle. Un projet d’œuvre, un projet de vie : tel est son admirable exemple.

Le Temps de l’Absolu n’est pas une exposition en son hommage. Pas plus qu’elle n’est la réunion d’artistes dans son sillage ou qui lui seraient redevables d’une posture. En cette année de jubilé, elle se veut tout simplement une façon d’écho mémorable à sa mémoire. Pour avoir eu le privilège d’être de ses amis proches et de l’avoir accompagné dans son travail pendant de longues années, je tenais à le saluer à ma manière. L’invitation de Christian Egger à une carte blanche en sa Galerie C m’en offre l’occasion.

Le Temps de l’Absolu rassemble 9 artistes de générations et de pratiques artistiques très différentes. Tous ont en commun d’avoir fait le choix de démarches radicales qui les déterminent à l’ordre d’esthétiques conceptuelles et minimales dont les protocoles de travail n’en sont pas moins laborieux, voire obsessionnels, mais qui ouvrent des champs volontiers poétiques. Ils composent avec les critères de discipline, de répétition et d’aléatoire pour constituer des œuvres singulières et sensibles dont la vertu cardinale est de dire leur être au monde. Un être en quête d’absolu. »

Né en 1977, Nicolas Aiello vit et travaille à Montreuil. Il débute des études artistiques en 2001 à l’Ecole Supérieure d’Art de Grenoble.

Ses œuvres sont notamment présentes dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France ainsi que dans la Bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou à Paris.

Arpentant les villes, Nicolas Aiello capture écritures et signes graphiques qu’il aperçoit afin de les reproduire dans ses dessins, entremêlant ainsi les traces urbaines isolées de leur environnement originel. L’artiste tisse un réseau architectural, composant avec les lignes du temps et de l’écriture, rendue soudain illisible au sein de dessins rythmés. Écrire et dessiner sont indissociables pour Nicolas Aiello, qui s’adonne à lier les deux éléments obsessionnellement.

Texte: Piguet Philippe, « Le Temps de l’Absolu », note d’intention dans le cadre de l’exposition « Le Temps de l’Absolu », Galerie C, Neuchâtel, 17 sept.-30 oct. 2015.