Berlin

 

« Donc entre lire et marcher Nicolas Aiello n’établit pas de différence, entre écrire et dessiner non plus. Par déambulation, l’artiste travaille au relevé des inscriptions, de quelque nature qu’elles soient, qu’il croise sur son chemin. Enseignes, slogans, informations diverses, le parcours qu’il aura effectué dans Berlin s’est accompagné de ces textes visiblement destinés à informer les passants, emmagasinés au même titre que ces masses de documents divers qu’il brasse et consulte quotidiennement. Ensuite par un ressassement qui concourt à l’illisibilité de son écriture, les textes sont repris jusqu’au moment où, au fil de l’encre d’un stylo, les lettres deviennent signes abstraits et les phrases modulations graphiques. Par la perte du sens, l’écriture retourne au dessin et les 25 pages ainsi obtenuent retrouvent une tempolarité autre, celle d’un dessin animé composé pour chaque seconde de ces 25 images redistribuées de façon aléatoire. Alors que par son errance l’artiste allait glaner sur son passage les mots et caractères disséminés dans l’espace urbain, le spectateur lui sera immobile, face à ces informations enfouies dans la matière de l’encre qui se met en mouvement. dans la vibration obtenue, dans ce grouillement qui rappelle «la neige» sur un écran de télé, une substance d’image d’avant l’image, une logorrhée informelle graphique et visuelle apparaît.»

Texte de Jacques Py pour le catalogue de l’exposition « Les chemins du dessin » au château de Tanlay, Centre d’art de l’Yonne / 2010.