Cette série de dessins commence toujours par une marche dans la ville. J’y récolte des mots lus (pubs, graffiti, signalétiques,…) sur mon passage. Ils deviennent les points d’une ligne tracée par mon corps dans le plan-espace qu’est la ville, ce sont, en quelques sortes, les traces retenues dans cette réelle architecture.
Sur le plan qu’est ma feuille blanche, je me sert de ces mots pour créer une composition abstraite. Ces mots sont associés par ordre de récoltes et « tagués » (le tag est une écriture liée à la rue que j’ai longtemps pratiqué) les uns à la suite des autres. Ils sont griffonnées, comme on griffonne un morceau de papier jusqu’à l’illisibilité, jusqu’à ce que l’on voit un « écran d’encre ».
La composition recouvre la feuille, elle est constituée de zones plus ou moins sombres, de dégradés, de gestes qui se répètent. Les mots alors échappent à leurs significations, ils deviennent des enchainements de courbes, de boucles, de lignes nerveuses ou tremblantes. Le mot est libéré de son concept, il devient une suite de gestes. L’enchainement des mots créent des réseaux, des croisements, des connections de lignes, sorte de métaphore d’une ville. Parfois un mot peut échapper à cela et apparaître aux yeux du spectateur; lui renvoyant à une image, à une pensée.
Le plan de la feuille est une composition fantasmée d’un espace réel constitué à partir de mots récoltés.